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Avant l’été, le Professeur Didier Neau, PU-PH dans le service des Maladies infectieuses et tropicales au CHU Pellegrin et clinicien associé à l’UMR5234, a accepté de nous parler des IST.

 

 

 

 

La différence entre les acronymes MST et IST ?

MST, maladies sexuellement transmissibles est l’ancien terme mais la notion de maladie est impropre car nous avons parfois des porteurs sains d’un agent pathogène. C’est pour cela que nous utilisons maintenant l’acronyme IST pour infections sexuellement transmissibles.

Quelles sont les infections listées sous la terminologie IST ?

Sous le terme IST, nous pouvons regrouper la syphilis, tous les agents des urétrites ou rectites (gonocoque, Chlamydia, Mycoplasme), le VIH et les virus des hépatites. Dans cette liste, il ne faut pas oublier les Herpès et le papillomavirus.

Quelle évolution avez-vous observé au cours de votre carrière sur les cas et la prise en charge des IST ?

En premier lieu, il faut parler de la syphilis, infection qui avait disparu jusque dans les années 2000, qui est réapparue initialement sur Paris dans la communauté gay puis dans toute la France. Cette évolution des IST est flagrante. Au début des années SIDA, il y avait très peu de cas, notamment dans les années 1990-2000 où la prévention et l’utilisation du préservatif étaient plus suivies, le SIDA était mortel. On observe aujourd’hui un relâchement de la prévention, une banalisation de l’infection par le VIH, et par conséquent une recrudescence des IST dont la syphilis. Cette infection est habituellement peu grave, son traitement est efficace mais les ulcérations liées à cet agent (chancre) font le lit d’IST plus graves comme le VIH.

Cette notion de non gravité de la pathologie n’est pas le cas de toutes les IST.  Par exemple, les infections dues aux papillomavirus (HPV) peuvent évoluer vers des cancers anaux ou du col de l’utérus. C’est pour cette raison que la vaccination contre l’HPV est proposée aux femmes, et plus récemment aux hommes.

Le problème de la contamination par le VIH est toujours un enjeu de santé publique avec encore chaque année 6000 à 7000 nouveaux cas. Malheureusement, l’infection VIH est aujourd’hui banalisée, elle n’est plus mortelle.

De ce fait, plusieurs évolutions sont à noter :

L’arrivée de la PrEP, prophylaxie pré-exposition, qui est un traitement anti-VIH proposé aux personnes séronégatives qui vont avoir un comportement à risques. C’est essentiellement la communauté gay qui l’utilise actuellement, même si cette prophylaxie est proposée à d’autres groupes. Le but, l’espoir est de diminuer le nombre annuel de contaminations cassant le cercle vicieux car il a été clairement montré que les patients récemment infectés sont souvent à l’origine des nouvelles infections. Cette prophylaxie sera prochainement proposée aux prostituées en lien avec les associations qui les accompagnent.

Le ChemSex fait par ailleurs partie des agents de dissémination des IST. Ces drogues prises par exemple lors de « marathons sexuels » désinhibent les consommateurs et font souvent oublier les principes de base des préventions.

Si les préservatifs sont utilisés assez facilement pour certains rapports sexuels (anaux ou vaginaux), la plupart du temps ils sont oubliés lors des fellations. Or nous savons que concernant le VIH, le risque est significatif et il est également avéré en ce qui concerne la syphilis (chancre buccal).

Concernant l’hépatite C, aujourd’hui indiscutablement, il y a des contaminations sexuelles alors qu’avant, la transmission concernait surtout les usagers de drogues et les accidents de transfusions sanguines.

Certaines IST, comme les cas de gonococcies et les cas de syphilis, sont en forte progression ces dernières années chez les hétérosexuels et les homosexuels. Quelle est votre analyse ?

Cela justifie des campagnes de prévention, d’information et éventuellement de déclaration. Le VIH bénéficie d’une déclaration obligatoire mais pas les autres IST. Les campagnes de prévention concernant ces autres IST ne sont donc pas suffisantes. Par exemple, peu de personnes savent que l’infection à Chlamydia, dont la prévalence est de 5-6% chez la femme, peut entraîner une stérilité. Les médecins sont parfois mal renseignés sur les IST et leurs prises en charge.

Quelles recommandations pourriez-vous faire face à ce problème majeur de santé publique ?

Les IST restent encore aujourd’hui un enjeu majeur de Santé Publique. La seule et unique solution reste la prévention avec l’utilisation du préservatif, c’est une arme qui reste très importante.

Il est également important de continuer à informer, surtout dans les milieux à risques.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Cette lettre est publiée par le comité de rédaction de la Newsletter de l'UMR5234

Pour toute question concernant cette lettre, écrivez à Christina Calmels.

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